Albert J. Ricciuti : Une guerre, un amour, un héritage.

Une famille cosmopolite et multiculturelle

 

Albert JustAlbert J Ricciutiin Ricciuti est né en 1923 sur Lakewood Avenue à l’est de Baltimore dans le Maryland. Son père Raffaele, immigré italien arrivé préalablement aux États-Unis au début du 20ème siècle, avais mis de longues années avant de comprendre l’anglais. Ce dernier avait ensuite rejoint le corps expéditionnaire et était retourné en Europe en 1917 pour combatte l’Empire Allemand. Il y avait d’ailleurs rencontré Louise Pillier, jeune française, qui devint sa femme et qui le rejoignit dans son pays d’adoption après guerre. Suite à cette union internationale, leur fils Albert grandira à Baltimore pendant des années puis deviendra diplômé du lycée Mont St. Joseph à Irvington en 1941. Grâce aux origines de ses parents, le jeune homme parle plusieurs langues et c’est son niveau de Français qui intéressera l’armée lors de la Seconde Guerre mondiale.

 

Albert J Ricciuti          Albert s’engage d’ailleurs le 22 janvier 1943 et obtient le matricule 33552009. Il intègre alors le 20th Corps de la 3ème armée du Général Patton. Transféré rapidement en Grande-Bretagne, il débarque à Utah Beach le 10 juin 1944, soit 4 jours après le début des opérations en Normandie. Puis son unité fait mouvement selon l’avancée des opérations, traversant les régions libérées de France les unes après les autres, dont la Champagne. C’est là, en Champagne, que le jeune soldat alors âgé d’une vingtaine d’années, rencontre Paulette Révolte et ses deux sœurs, à Avenay-Val-d’Or . Grâce à la pratique du français, Albert et ses camarades militaires ont plus de facilité à communiquer avec les jeunes françaises. Amateur de bières, il découvre durant son séjour une nouvelle boisson : le Champagne, à travers de bons moments passés avec Paulette, qui a grandi dans les vignes. Puis le front progressa et Albert finit la guerre et rentra au pays tandis que d’autres n’ont eu pas cette chance. Il occupera alors un petit boulot de barman au Chiapparelli’s dans Little Italy . Cependant une fois de retour, il n’a pas oublié la belle Paulette à qui il écrit une carte de vœux tous les ans, durant la période de Noël.

Des tranchées aux vignes

Paulette Révolte         En 1962, Albert Ricciuti décide de retourner en Europe, 18 ans après la fin du conflit pour retracer son parcours dans la bataille. C’est ainsi l’occasion de rendre visite à sa vieille amie Paulette et l’avertir qu’il sera de passage en France et qu’il aimerait la revoir. La réponse ne se fera pas attendre, cette dernière s’exclamera :

« J’ai tellement de nouvelles bouteilles de Champagne à te faire goûter ».

Les amants se marieront un an après, désireux de rattraper toutes ces années passées loin l’un de l’autre. Quelques formalités aux USA seront réglées et Albert emménagera en France, dans le village de Paulette. Il se formera aux métiers du vin et de la culture du raisin au sein de l’entreprise de la famille de Paulette. Malgré lui, Albert Justin Ricciuti de Baltimore venait de devenir le premier Américain à produire du Champagne. Voulant constamment apprendre, Albert est devenu un pilier du milieu et le Champagne Ricciuti-Révolte fut produit à non moins de 50 000 bouteilles par an.

Une production multi-générationnelle

Ricciuti-RévolteAlbert Ricciuti, héros libérateur de notre pays, est décédé le 17 juin 2002 et Paulette est malheureusement partie le rejoindre le 12 Décembre 2016 dernier. Cependant, John Charles est né de cet amour en 1963, d’un père américain et d’une mère française. Ce fils porte d’ailleurs les prénoms de deux symboles franco-américains ; John F. Kennedy, président à la destine tragique, et Charles de Gaulle, leader de la France Libre durant la guerre puis président de la France ; et c’est désormais à travers son travail que subsiste l’entreprise familiale, héritage à la fois d’une rencontre mais également d’un savoir faire unique. Il est aujourd’hui fier de transmettre son Histoire et celle de son nom. Il paraîtrait même que son fils Ugo, venant d’achever un BTS viti-vinicole soit déjà prêt à prendre la relève et continuer la tradition !

Le Général de Gaulle à Isigny-sur-Mer

Retour sur la terre de France

Après plusieurs années d’exil en Grande Bretagne d’où il pilote la position et les engagements de la France Libre, le Général de Gaulle pose le pied sur le sol de France en débarquant de La Combattante le 14 juin 1944 soit 8 jours après le début des opérations de débarquement en Normandie. Il quitte directement Courseulles-sur-Mer pour donner un premier discours à Bayeux. Les Français découvrent ainsi sa silhouette imposante pour la toute première fois. Puis, il quitte Bayeux pour visiter Isigny-sur-Mer, ville avec laquelle il tissera un profond lien d’amitié et prononcera à la population émue :

Je suis très heureux de voir rassemblée ici la population chère et meurtrie de notre ville d’Isigny. Je sais quelles souffrances a traversé Isigny.
Ce sont les souffrances que chaque parcelle de la France devra traverser avant d’atteindre la libération. Mais je sais, comme vous, que cette épreuve ne sera pas inutile. C’est grâce à cette épreuve que nous ferons l’unité et la grandeur de la France. Je veux qu’avec moi, vous ayez au cœur un sentiment d’espérance, et que vous chantiez la Marseillaise

De Gaulle et Isigny-sur-Mer : une relation intime

Quelques semaines après ce premier discours et cette première visite dans un territoire marqué par le chaos de la guerre, Charles de Gaulle revient. Il est alors endeuillé par autant de destructions et la perte de tant de ses concitoyens. C’est lui même qui exprime ce besoin de revenir en ces lieux, proche des civils et de leur deuil. Plus tard, bouleversé par un accueil toujours plus bouleversant, le Général écrira dans ses mémoires :

Isigny cruellement détruit, et d’où l’on tire encore des cadavres de dessous des décombres, me fait les honneurs de ses ruines.
Devant le monument aux morts, que les bombes ont mutilé, je m’adresse aux habitants. D’un seul cœur, nous élevons notre foi et notre espoir au dessus des débris fumants.

De Gaulle n’est plus aujourd’hui, cependant sa voix et sa personne raisonne encore dans les ruelles du bourg d’Isigny-sur-Mer.

 

Arthur Jahnke, vétéran allemand à 23 ans

La Croix de Chevalier de la Croix de Fer

Arthur Jahnke n’est âgé que de 23 ans en 1944. Lieutenant de l’armée de terre régulière allemande (Heer), il est pourtant déjà vétéran du front de l’Est sur lequel il a combattu avec la 302ème division d’infanterie, où il est grièvement blessé quelques mois auparavant. Suite à cette mésaventure qui lui vaudra notamment l’attribution de la Croix de Chevalier de la Croix de Fer le 20 avril 1944, Arthur Jahnke est transféré et commande 75 hommes de la 3ème compagnie du 919ème régiment de grenadiers de la 709ème division.

Le 11 mai 44 sur la plage de la Madeleine

Le lieutenant n’imaginait pas que déferleraient sur eux, les troupes du débarquement. Bien que manquant de moyens, ces derniers ont pour mission de consolider le point d’appui WN5 d’ailleurs inspecté par le Maréchal Rommel en personne, le 11 mai 1944. Nul ne se doute encore que c’est ici, quelques semaines plus tard, sur la plage de la Madeleine, que le débarquement sur Utah Beach s’apprête à déferler.